Post by Michel TalonPost by Patrice KaratchentzeffPK
PS : Michel, tu peux rebondir, cela correspond justement à ta
branche...
Je ne peux pas trop rebondir vu que je ne suis pas loin de penser comme
toi. En fait les 80% d'une classe d'êge au bac ont été une erreur
monumentale, déjà il n'y a en fait que 60% qui y arrive à l'heure
actuelle, et la moitié de ces 60% se fait étendre en première année de
fac. Si bien qu'il n'y aurait que 30% d'une classe d'age au bac ça ne
changerait rien en pratique. C'est à dire ce qui se passait dans le bon
vieux temps. Evidemment, c'était inspiré par les meilleurs sentiments,
élever le niveau général de la population, mais de fait on ne peut pas
transformer un âne en génie, ni faire rentrer quelque chose dans le crane
de celui qui ne veut rien apprendre ou dont la famille considère
que les études c'est des conneries, les profs des guignols, etc. Le
résultat est que pour poursuivre ce mythe on a complètement effondré le
niveau, qui est devenu désastreux. Un bachelier peut très bien faire un
faute par mot, être incapable d'écrire deux lignes, ne pas savoir émettre
une phrase d'anglais, pour ne parler que des choses les plus élémentaires
et pas des maths de la physique ou de la philo. Evidemment personne n'en
veut dans le privé, et ça fait encore des boulets à la fac. Bien entendu
aprés toutes ces "études" il est hors de question de travailler de ses
mains, comme disait Allègre l'autre jour. Donc on a créé toute une classe
sociale de chevilles rondes dans un trou carré. En dépit de cette
constatation que tout le monde fait, tu peux entendre les cris d'orfraie
que pousse la gent enseignante quand le gouvernement essaye d'arrêter les
frais en introduisant l'apprentissage à 14 ans. C'est que le beau motif
d'élever le niveau général de la population en cache peut être un autre,
plus pragmatique, avoir beaucoup d'élèves pour avoir beaucoup de postes
aux concours de profs, façon de caser essentiellement la progéniture des
profs.
Bravo et merci, Michel, de ces réflexions évidentes de bon sens !
Allons, enfants de la poitrine, entonnons le chant des vieux cons !
De mon temps (ça commence mal), on fabriquait 48 000 bacheliers par cuvée
(le début des années 196xxx). OK, ce n'était pas assez, beaucoup d'autres
avaient la capacité mais pas l'opportunité.
Non, ce n'était pas une question de pognon, plutôt une question de culture
familiale : combien de fois ai-je entendu "ma fille, mon fils, c'est pas
un(e) feignant(e) pour les écoles, elle (il) travaille, elle (lui) !"
Les bourses, les IPES, etc, étaient largement distribuées ; je me souviens
quand même que mes potes Ipésiens gagnaient 3 fois le Smic de l'époque par
mois, pendant que moi, avec mes parents considérés comme "riches", je
faisais du ravalement de façades la nuit pour payer mes tickets de Resto-U
(un peu) et mes notes de soirées au Jean Lam's (beaucoup ...)
(NB je n'ai plus jamais été aussi heureux que pendant ce temps de ma vie)
Il fallait passer des examens pour rentrer en 6°, on redoublait ses classes
si le résultat n'était pas là, et nous prenions des coups de pieds au cul
(mérités) quand il fallait.
Mais quand nous avions le bac, ce n'était pas au titre de l'harmonisation
des corrections ... les notes étaient données sans concession, et sans
"correction" à la baisse pour cause de trop bien fait.
À la Fac, ça été nettement plus "relationnel" ! je reconnais que l'obtention
des examens dépendait beaucoup plus de la "conformité" et du "niveau
d'intégration" au milieu ambiant que des connaissances réelles et de la
qualité des copies, dont l'anonymat était pour le moins très relatif,
pour mémoire, Faculté de Droit et des Sciences Économiques de Nancy entre
1966 et 1970, Doyen un certain Jack Lang, qui faisait plus de théâtre (très
bien) que d'universitaire (variable ...).
Malgré tout, reconnaissons que notre génération a été plutôt bien formée,
avec passion(S), que le mélange des origines géographiques et sociales a
plutôt bien fonctionné, et que les gens sortaient du cycle "études
poursuivies ... pas toujours rattrapées" avec un bagage réel et un vrai
potentiel.
*/FIN du couplet "Anciens Combattants"*/
et reprise du couplet Vieux Con !
Naïf et dévoué, je me suis fatigué (au sens méridional) avec un paquet de
jeunes stagiaires issus d'écoles réputées "prestigieuses".
Tant pis pour le "socialement incorrect" :
il y a 20 ans, nous pouvions les aider à devenir de vrais et bons
professionnels, et la plus part m'ont largement récompensé par leur
qualité.
Depuis 8 ans, je n'en ai pas eu une ou un de valable !
Points communs :
bardés de diplômes (Maîtrises, DExx, sigles IPRTYEZSQ, Master's aussi
ronflants qu'inconnus au bataillon, etc).
En pratique :
incapables d'écrire UNE phrase en français correct, sans parler d'autres
idiomes,
incapables de regarder et d'analyser logiquement le moindre sujet,
incapables d'APPRENDRE par ce qu'incapables de COMPRENDRE autre chose que
leurs refrains rémanents,
pourris par une idéologie univoque et répétitive ("en matière
d'environnement ... , la dimension sociale du sujet .... , du point de vue
psychologique .... , etc " ! mais qu'est-ce qu'on en a à foutre en
technique du bâtiment ?
Ce sont exactement, comme tu le dis, des chevilles rondes dans des trous
carrés !
Et pourtant, ces jeunes ne sont idiots ! j'ai le sentiment profond qu'ils
sont "incapacités" (trouvez un meilleur terme, merci) par un système
intellectuellement faux, illusoire et totalement latérograde.
Quant à la gent enseignante, que je fréquente un peu, j'ai vite appris à
distinguer les profs qui sont dans les classes tous les jours de ceux qui
sont dans les commissions ; comme tu as raison pour la 2° catégorie, et
comme il faudrait que la technocratie qui nous administre écoute un peu, de
temps en temps, ceux qui sont dans les classes !
Bon, ben maintenant, pleurons et buvons un beau coup !